Nina Williams

Nina Williams
En haut de la no-fall zone

©Peter-Mortimer-Nina1

Date de naissance : 21 août 1990

Nationalité : Américaine

A commencé l’escalade à 12 ans

Discipline : bloc, highballs, grandes voies trad

La carrière de grimpeuse de Nina Williams a bien failli tourner court. À l’âge de 14 ans, sans doute trop jeune pour supporter la pression et la peur de l’échec, elle triche sur les résultats d’une compétition de bloc régionale en imitant la signature d’un jury sur sa fiche, et quand la fraude est découverte, se retrouve exclue du circuit pendant un an. En plus de son manque de confiance en elle, il lui faut gérer la honte de cet incident de parcours, et ses conséquences sur sa notoriété dans le petit monde de l’escalade…

Erreur de jeunesse

Mais sa mésaventure n’a fait que la motiver à revenir, plus forte et plus déterminée que jamais. Et on ne peut que rester la bouche ouverte quand on sait qu’aujourd’hui, Nina est l’une des plus fortes bloqueuses du monde, mais surtout, qu’elle a fait sa place dans le cercle très restreint et très masculin des grimpeurs de highballs – des blocs géants qui font plus de 10 mètres de haut, et qui allient la technique de l’escalade de bloc et le mental hors-normes du solo intégral. Car sur un highball, à plusieurs mètres du sol, on entre dans la no-fall zone, d’où on ne peut sortir que par le haut…

Nina Williams a choisi l’escalade à 12 ans, quand sa mère lui a dit qu’elle en avait marre de faire le taxi toute la semaine entre la danse, le foot, l’équitation et l’escalade. À peine un an plus tard, elle grimpe déjà dans un club en compétition, jusqu’à ce que survienne l’affaire de la triche. « Rétrospectivement, si cet événement n’était pas arrivé, je ne serais pas la grimpeuse que je suis aujourd’hui », confesse Nina dans une interview avec Outside (https://www.outsideonline.com/2282896/finding-flow-nina-williams).

Elle s’éloigne un peu de l’escalade pendant ses études, et en 2010, elle quitte la Côte Est pour venir s’installer dans le Colorado, puis en 2013 à Boulder, où elle réside toujours.

Retour à la compétition

Là, la communauté de grimpe locale, très portée sur la performance, la pousse à progresser rapidement, et réactive son esprit de compétitrice… Elle remonte sur les podiums de compétitions de bloc locales, se classe 8e aux ABS Nationals de 2013 et 18e à la Coupe du monde de Vail la même année.

Inévitablement, cet appétit qui la pousse dans du toujours plus dur et toujours plus haut l’amène un jour au pied des gigantesques boules de granite de Bishop. C’est dangereux, ça fait peur, et c’est pour cela qu’elle aime. Pour un highball, il faut se trouver dans une parfaite combinaison d’optimum physique et mental.

High Balls

Le premier de ce qui est aujourd’hui une liste de croix monstrueuses, dont plusieurs références mondiales dans la catégorie highballs extrêmes, est “Footprints“ à Bishop, en 2015. Un mouvement dur près du sol, puis encore 10 mètres de 7C au-dessus. Après l’avoir imaginé terrifiant en photo, elle se surprend à arriver si aisément au sommet.

Sur une autre face du même bloc, elle cochera “Evilution Direct“ (V11/8A, 15 m) le 25 février 2016. En 2017, elle retourne dans le monstre “Ambrosia“ qu’elle est déjà allée repérer. Elle a derrière elle des années d’expérience, d’entraînement et de grimpe, une totale maîtrise de l’art de chuter de haut, et la parfaite harmonie intérieure. Elle a beaucoup approfondi, les années précédentes, le concept de grimper avant tout pour elle-même, qui sera la clé de sa réussite. C’est la consécration : Nina réussit la première ascension féminine du célèbre et iconique highball “Ambrosia“, V11/8A, un bloc XXL qui toppe à 14 mètres du sol, avec parmi les répétiteurs masculins certains Alex Honnold, Enzo Oddo ou Jorg Verhoeven…

Nina fait partie des rares grimpeuses au monde à avoir du 8B bloc à son actif, et continue à parcourir le monde à la recherche des plus belles lignes dans ses spots favoris comme Hueco Tanks, Joe’s Valley, Rocklands (Afrique du Sud) ou les Grampians (Australie). Mais depuis 2018, de plus en plus, son cœur balance entre les highballs et le trad, avec déjà une belle réalisation en octobre 2016, “Final frontier“ (8a, 270 m), une grande voie en trad sur Fifi Buttress, au Yosemite.

Très lucide, Nina déclare : « Je n’ai pas envie de me spécialiser dans les highballs parce qu’un jour ou l’autre, je vais me blesser. Je cherche une autre manière, un peu moins dangereuse, de repousser mes limites. L’escalade trad m’attire parce qu’elle nécessite la même concentration mentale, mais là au moins, on est attaché à une corde. » (Interview Climbing, nov 2017)

Palmarès :

Highballs

“Footprints“ (V9/7C, 15 m). Bishop, mars 2015.

“Ambrosia“ (V11/8A, 14 m). Bishop, 28 février 2017. First Female Ascent (FFA).

“Evilution Direct“ (V11/8A, 15 m). Bishop, 2016 (FFA).

“Sundial“ (V11/8A). Roy, Nouveau Mexique, Février 2019 (FFA).

“Too Big to Flail“ (V10 / 7C+, 15 m). Bishop, 18 mars 2019 (FFA).

Bloc

“Ray of light“ 8B, Rocklands, 2015 (FFA).

“The Shining“ 8B et “The Automator“ 8B, RMNP, 2018.

“Window Shopper“ 8A+, Flagstaff, Colorado, 2018 (FFA).

Trad

“Final Frontier“ (5.13b / 8a), Yosemite, California, 2016.

Nina Williams dans les films Reel Rock :

The High Road (2019)
High and Mighty (2015)

Nina sur Instagram @sheneenagins

Vidéo :